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Importante commode par Jacques Dubois

Commode Sauteuse en Arbalète signée « ID » sur deux montants, Pour Jacques Dubois ébéniste travaillant avec Pierre Migeon.

Paris, circa 1735/1740, début de l’époque Louis XV

Dimensions : H. 90 cm x L. 149 cm x Pr. 68 cm

Cette commode présente une magnifique marqueterie, de bois de violette exclusivement, et une façade vigoureusement galbée en arbalète. Il s’agit d’une des premières commodes dites « sauteuses », qui ouvrent par trois tiroirs sur seulement deux rangées. La suppression du tiroir du bas, qui va se répandre au cours du règne de Louis XV sur les plus beaux modèles, procure un  allègement visuel  nouveau  tout en conservant la puissance du répertoire  décoratif  Régence. Les importants commanditaires de ces meubles, hauts sur pied, souhaitaient une ligne élancée et se moquaient de la réduction du volume de rangement induite. Ces commodes, véritables œuvres d’art, sont des pièces des arts décoratifs pour lesquelles la fonction meublante passe au second plan.

Les tiroirs sont décorés d’un frisage en croix de St André, tandis que les deux traverses sont agrémentées d’une triple  cannelure en laiton, la traverse du bas terminée par un tablier chantourné. Les puissants montants à crosses, marquetés en chevrons comme les traverses,  s'amenuisent vers le bas pour alléger le piètement. Les côtés, vigoureusement galbés en « S » et agrémentés d’un ressaut à l’arrière, sont plaqués en pointes de diamants.

La très belle ornementation de bronzes, finement ciselée et dorée au mercure, est d’origine. Il faut noter la nervosité des chutes rocaille à décors de fleurs, la rareté du modèle des poignées à enroulements de rubans imitant les pagodes chinoises, la qualité de la ciselure des entrées en feuilles d'acanthes, ou encore les sabots en pattes de lions.

Le dessus de la commode est une superbe brèche d'Alep d'origine, à double bec de corbin.

Très bel état de conservation.

  

Jacques DUBOIS et Pierre MIGEON

Deux commodes, de lignes et de bronzes similaires, portent l’estampille de Pierre Migeon (1696-1758) :  Une commode en laque exposée au musée des arts décoratifs de Paris, et une commode en marqueterie florale exposée au musée Louis Vouland d'Avignon. Pierre Migeon, ébéniste devenu marchand, connu un important succès international et dû faire travailler les meilleurs maîtres,  n'arrivant plus à honorer lui-même la totalité de ses commandes.

Notre commode fut anciennement attribuée à l'ébéniste Jacques Denizot (1684- 1760),  à cause du monogramme « ID ».  Mais ce dernier ne figure pas dans les écritures de Pierre Migeon, alors que Jacques DUBOIS (Maitre en 1742) a beaucoup collaboré avec Migeon qui l’a référencé dans son livre de compte.  Les initiales « ID » lui correspondent (le J s'écrit I au 18ème siècle), même s’il utilisa l’estampille  « I. DUBOIS » après 1743 et les nouveaux statuts de la Jurande qui interdisaient de simples initiales. Plusieurs meubles de même esprit portent la double estampille , et notamment le bureau plat de « Vergennes » conservé au Louvre porte côte à côte l'estampille des deux grands ébénistes, Dubois et Migeon. Ce bureau a des poignées complètement atypiques comme celles de notre commode.

A titre comparatif avec Jacques Dubois, François Mondon utilisa «FMD » au début de sa carrière,  puis «MONDON» à partir de 1743. Pour ce qui est de la rareté du monogramme « ID » sur des meubles de « gout Migeon », elle s’explique par le fait que Jacques Dubois fut reçu maître seulement un an avant le changement des statuts de la Jurande.